Les Raisins de Zeuxis
Ives Bonnefoy
LES RAISINS DE ZEUXIS
Un sac de toile mouillée dans le caniveau, c’est le tableau de Zeuxis, les raisins, que les oiseaux furieux ont tellement désiré, ont si violemment percé de leurs becs rapaces, que les grappes ont disparu, puis la couleur, puis toute trace d’image en cette heure du crépuscule du monde où ils l’ont traîné sur les dalles.
LAS UVAS DE ZEUXIS
Una bolsa de tela mojada en la alcantarilla, es el cuadro de Zeuxis, las uvas, que las aves furiosas tanto desearon, tan violentamente perforaron con sus picos rapaces, que los racimos desaparecieron, luego el color, luego toda traza de imagen a esta hora del crepúsculo del mundo donde ellas la arrastraron sobre las baldosas.
ENCORE LES RAISINS DE ZEUXIS
Zeuxis peignait en se protégeant du bras gauche contre les oiseaux affamés. Mais ils venaient jusque sous son pinceau bousculé arracher des lambeaux de toile.
Il inventa de tenir, dans sa main gauche toujours, une torche qui crachait une fumée noire, des plus épaisses. Et ses yeux se brouillaient, il ne voyait plus, il aurait dû peindre mal, ses raisins auraient dû ne plus évoquer quoi que ce soit de terrestre, -pourquoi donc les oiseaux se pressaient-ils plus voraces que jamais, plus furieux, contre ses mains, sur l’image, allant jusqu’à lui mordre les doigts, qui saignaient sur le bleu, le vert ambré, l’ocre rouge?
Il inventa de peindre dans le noir. Il se demandait à quoi pouvait bien ressembler ces formes qu’il laissait se heurter, se mêler, se perdre, dans le cercle mal refermé de la corbeille. Mais les oiseaux le savaient, qui se perchaient sur ses doigts, qui faisaient de leur bec dans le tableau inconnu le trou qu’allait rencontrer son pinceau en son avancée moins rapide.
Il inventa de ne plus peindre, de simplement regarder, à deux pas devant lui, l’absence des quelques fruits qu’il avait voulu ajouter au monde. Des oiseaux tournaient à distance, d’autres s’étaient posés sur des branches, à sa fenêtre, d’autres sur ses pots de couleur.
DE NUEVO LAS UVAS DE ZEUXIS
Zeuxis pintaba protegiéndose con el brazo izquierdo contra las aves hambrientas. Pero estas llegaban incluso bajo su pincel apremiado a arrancar jirones de tela.
Se le ocurrió sostener, en su mano izquierda siempre, una antorcha que escupía una humareda negra, de las más espesas. Y sus ojos se nublaban, ya no veía, habría debido pintar mal, sus uvas no habrían debido ya evocar sea lo que fuere de terrestre, –¿por qué entonces las aves se abalanzaban más voraces que nunca, más furiosas, contra sus manos, sobre la imagen, llegando incluso a morderle los dedos, que sangraban sobre el azul, el verde ambarino, el ocre rojo?
Se le ocurrió pintar en la oscuridad. Se preguntaba a qué podían parecerse esas formas que él dejaba agolparse, mezclarse, perderse, en el círculo mal cerrado de la cesta. Pero las aves lo sabían, las que se encaramaban sobre sus dedos, las que hacían con su pico en el cuadro desconocido el agujero que iba a encontrar su pincel en su avanzada menos rápida.
Se le ocurrió no pintar más, simplemente observar, a dos pasos frente suyo, la ausencia de algunos frutos que hubiera querido añadir al mundo. Unas aves revoloteaban a distancia, otras se habían posado sobre las ramas, junto a su ventana, otras sobre sus potes de color.
CELLE QUI INVENTA LA PEINTURE
Quant à la fille du potier de Corinthe, elle a depuis longtemps abandonné le projet d’achever de tracer du doigt sur le mur le contour de l’ombre de son amant. Retombée sur sa couche, dont la bougie projette sur le plâtre la crête fantastique des plis des draps, elle se retourne, les yeux comblés, vers la forme qu’elle a brisée de son étreinte. “Non, je ne te préférerai pas l’image, dit-elle. Je ne te livrerai pas en image aux remous de fumée qui s’accumulent autour de nous. Tu ne seras pas la grappe de fruits que vainement se disputent les oiseaux qu’on nomme l’oublie”.
AQUELLA QUE INVENTÓ LA PINTURA
En cuanto a la hija del alfarero de Corinto, hace mucho que abandonó el proyecto de acabar de trazar con el dedo sobre el muro el contorno de la sombra de su amante. Recostada sobre su cama, de la que la bujía proyecta sobre el yeso la cresta fantástica de los pliegues de las sábanas, ella se vuelve, los ojos henchidos, hacia la forma que ha roto con su abrazo. “No, no te antepondré la imagen, dice ella. No te confiaré en imagen a los remolinos de humo que se acumulan a nuestro alrededor. No serás el racimo de frutos que vanamente se disputan las aves que llamamos olvido”.
DERNIERS RAISINS DE ZEUXIS
I
Zeuxis, malgré les oiseaux, ne parvenait pas à se déprendre de son désir, certainement légitime: peindre, en paix, quelques grappes de raisin bleu dans une corbeille.
Ensanglanté par les becs éternellement voraces, ses toiles déchiquetées par leur terrible impatience, ses yeux brûlés par les fumées qu’il leur opposait en vain, il n’en continuait pas moins son travail, c’était à croire qu’il percevait dans les vapeurs toujours plus épaisses, où s’effaçait la couleur, où se disloquait la forme, quelque chose de plus que la couleur ou la forme.
ÚLTIMAS UVAS DE ZEUXIS
I
Zeuxis, pese a las aves, no llegaba a desprenderse de su deseo, ciertamente legítimo: pintar, en paz, algunos racimos de uva azul en una cesta.
Ensangrentado por los picos eternamente voraces, sus telas rasgadas por la terrible impaciencia, sus ojos quemados por la humareda que les oponía en vano, no por ello abandonaba su trabajo, se habría dicho que percibía en los vapores cada vez más espesos, donde se difuminaba el color, donde se dislocaba la forma, algo más que el color o la forma.
II
Il reprenait souffle, parfois. Assis à quelques pas de son chevalet parmi les grives et les aigles et tous ces autres rapaces qui s’apaisaient aussitôt qu’il cessait de peindre et semblaient même presque dormir, appesantis dans leurs plumes, pépiant parfois vaguement dans l’odeur de fiente.
Réfléchissant: comment se lever en silence et approcher de la toile sans que l’espace à nouveau bascule, d’un coup, dans les battements d’ailes et les innombrables cris rauques?
II
Se daba un respiro, a veces. Sentado a algunos pasos de su caballete entre los zorzales y las águilas y todas esas otras rapaces que se apaciguaban tan pronto dejaba de pintar e incluso parecían casi dormir, aletargadas en sus plumas, piando a veces vagamente en el olor a estiércol.
Reflexionaba: ¿cómo levantarse en silencio y aproximarse a la tela sin que el espacio bascule otra vez, de golpe, en el batir de alas y los innumerables graznidos roncos?
III
Et quelle surprise aussi bien cette fin d’après-midi où, s’étant mis debout d’un bond, ayant saisi un pinceau, l’ayant trempé dans du rouge -déjà quelles bousculades, d’ordinaire, quels cris de rage!-, il dut constater, sa main en tremblait, que les oiseaux ne lui prêtaient aucune attention, cette fois.
C’était bien des raisins pourtant, ce qu’il commençait à peindre. Deux grappes, presque deux pleines grappes là où hier encore les becs infaillibles eussent déjà arraché jusqu’à la dernière des fibres où se fût pris un peu de couleur.
III
¡Y qué sorpresa por lo demás entrada esta tarde cuando, habiéndose puesto de pie de un salto, habiendo cogido el pincel, habiéndolo sumergido en el rojo –¡qué alboroto ya, generalmente, qué graznidos de ira!-, debió constatar, su mano temblando, que las aves no le prestaban atención alguna, esta vez.
Y eran uvas, no obstante, lo que comenzaba a pintar. Dos racimos, casi dos racimos enteros ahí donde ayer de nuevo los picos infalibles habían arrancado ya hasta la última de las fibras donde se hubiese cuajado un poco de color.
IV
Et pas même, pourtant, ces grappes lourdes, un de ces déguisements par lesquels il avait essayé, parfois, de donner le change à la faim du monde. Ainsi avait-il ébauché, ah certes naïvement! des raisins rayés de bleu et de rose, d’autres cubiques, d’autres en forme de dieu terme noyé dans sa grande barbe. En vain, en vain! Son projet n’avait pas même le temps de prendre forme. On dévorait l’idée à même l’esprit, on l’arrachait à sa main tentant d’aller à la toile. Comme s’il avait dans l’inépuisable nature des raisins striés, des grains durs à six faces qu’on jetterait sur la table, pour un défi au hasard, des grappes comme des statues de marbre pour la délectation des oiseaux.
IV
Y, no obstante, ni siquiera esos racimos densos, una de esas artimañas con las que había ensayado, a veces, engañar al hambre del mundo. Así había esbozado, ¡ah, ingenuamente, por cierto! uvas rayadas de azul y rosa, otras cúbicas, otras en forma de dios Término ahogado en su gran barba. ¡En vano, en vano! Su proyecto ni siquiera tenía el tiempo de cobrar forma. La idea era devorada apenas surgía en el espíritu, era arrancada de su mano cuando intentaba llegar a la tela. Como si existieran en la inagotable naturaleza uvas estriadas, granos duros de seis caras que se arrojaran sobre la mesa, por un desafío al azar, racimos como estatuas de mármol para la delectación de las aves.
V
Il peint en paix, maintenant. Il peut faire ses grappes de plus en plus ressemblantes, appétissantes, il peut les couvrir de cette tendre buée qui fait si agréablement valoir contre la paille de la corbeille leur or irisé de gris et de bleu.
Il en vient même, enhardi, à poser à nouveau de vrais raisins près de lui, comme autrefois. Et un moineau, une grive -est-ce donc cela, une grive?- viennent bien, à des moments, se percher au rebord de la corbeille réelle, mais il les chasse d’un geste, et ceux-là ne reviennent plus.
V
Pinta en paz, ahora. Puede hacer sus racimos cada vez más semejantes, apetitosos, puede cubrirlos con ese tierno vaho que hace resaltar tan agradablemente contra la paja de la cesta su oro irisado de gris y de azul.
Envalentonado, llega incluso a poner nuevamente racimos verdaderos cerca suyo, como antaño. Y un gorrión, un zorzal –¿es pues un zorzal?- llegan, por momentos, a encaramarse al borde de la cesta real, pero con un ademán los aleja, y estos ya no vuelven.
VI
Longues, longues heures sans rien que le travail en silence. Les oiseaux ont repris devant la maison leurs grands tournoiements du haut du ciel, et quand ils passent près de Zeuxis, qui vient peindre sur la terrasse, c’est avec la même indifférence que s’ils frôlaient un buisson de thym, une pierre.
Il y eut bien, une fois, cette troupe étincelante de perroquets et de huppes qui s’assembla sur les terrasses proches, et cria haut et fort ce qu’il crut être de la colère, mais l’heure d’après, sur quelque décision, perroquets et huppes et grives étaient partis.
VI
Largas, largas horas sin nada más que el trabajo en silencio. Las aves han retomado frente a la casa sus grandes piruetas desde lo alto del cielo, y cuando pasan cerca de Zeuxis, que llega a pintar sobre la terraza, lo hacen con la misma indiferencia que si rozaran una mata de tomillo, una piedra.
Hubo una vez esta tropa reluciente de cotorras y abubillas que se congregó sobre las terrazas próximas, y gritó alto y fuerte lo que creyó ser cólera, pero instantes después, tras alguna decisión, tanto cotorras y abubillas como zorzales habían partido.
VII
Ah, que s’est-il passé, se demande-t-il? A-t-il perdu le sens de ce que c’est que l’aspect d’un fruit, ou ne sait-il plus désirer, ou vivre? C’est peu probable. Des visiteurs viennent, regardent. “Quels beaux raisins!”, disent-ils. Et même: “Vous n’en avez jamais peint d’aussi beaux, d’aussi ressemblants”.
Ou bien, se dit-il encore, a-t-il dormi? Et rêvé? Au moment même où les oiseaux déchiraient ses doigts, mangeaient sa couleur, il aurait été assis, dodelinant du chef, dans un coin de l’atelier sombre.
Mais pourquoi maintenant ne dort-il plus? En quel monde se serait-il réveillé? Pourquoi regretterait-il, comme il sent bien qu’il le fait, ses jours de lutte et d’angoisse? Pourquoi en vient-il à désirer de cesser de peindre? Et même, qu’il n’y ait plus de peinture?
VII
Ah, ¿qué ha pasado? se pregunta ¿Ha perdido la noción de lo que es el aspecto de un fruto, o ya no sabe desear, o vivir? Es poco probable. Llegan visitantes, observan. “¡Que bellos racimos!”, dicen. Y aun: “Nunca has pintado unos tan bellos, tan semejantes”.
O bien, se dice otra ocasión, ¿ha dormido? ¿Y soñado? En el preciso momento en que las aves destrozaban sus dedos, comían su color, él habría estado sentado, cabeceando, en un rincón del taller sombrío.
Pero, ¿por qué ahora ya no duerme? ¿En qué mundo se habría despertado? ¿Por qué se arrepentiría, como se da cuenta que lo hace, de sus días de lucha y de angustia? ¿Por qué llega a desear dejar de pintar? ¿E incluso, que ya no exista pintura?
VIII
Zeuxis erre par les champs, il ramasse des pierres, les rejette, il revient à son atelier, prend ses pinceaux, il tremble de tout son corps quand un oiseau, rapide comme une flèche, vient prendre un des grains dans la corbeille. Il attend alors, va à la fenêtre, il regarde les grands vols migrateurs élire un toit, loin là-bas dans la lumière du soir, réduisant à poussière bleue la grappe du soleil qui décline.
Étrange, cet oiseau qui était venu se poser hier, au rebord de cette même fenêtre. Il était multicolore, il était gris. Il avait ces yeux de rapace, mais pour tête une eau calme où se reflétaient les nuées. Apportait-il un message? Ou le rien du monde n’est-il que cette boule de plumes qui se hérissent, quand le bec y cherche une puce?
VIII
Zeuxis vaga por los campos, recoge piedras, las arroja, vuelve a su taller, toma sus pinceles, tiembla de cuerpo entero cuando un ave, rápida como una flecha, llega a tomar uno de los granos de la cesta. Espera entonces, va a la ventana, observa los grandes vuelos migratorios elegir un techo, allá lejos en la luz del atardecer, reduciendo a polvo azul el racimo del sol que declina.
Extraña, el ave que había venido a posarse ayer, al borde de esta misma ventana. Era multicolor, era gris. Tenía esos ojos de rapaz, pero por cabeza un agua calma donde se reflejaban las nubes. ¿Traía un mensaje? ¿O la nada del mundo no es más que esa bola de plumas que se erizan, cuando el pico busca entre ellas una pulga?
IX
C’est quelque chose comme une flaque, le dernier tableau que Zeuxis peignit, après longue réflexion, quand déjà il inclinait vers la mort. Une flaque, une brève pensée d’eau brillante, calme, et si l’on s’y penchait on apercevait des ombres de grains, avec à leur bord vaguement doré la fantastique découpe qui ourle aux yeux des enfants la grappe parmi les pampres, sur le ciel lumineux encore du crépuscule.
Devant ces ombres claires d’autres ombres, celles-ci noires. Mais que l’on plonge la main dans le miroir, que l’on remue cette eau, et l’ombre des oiseaux et celle des fruits se mêlent.
IX
Es algo como una charca, el último cuadro que Zeuxis pintó, tras larga reflexión, cuando ya declinaba hacia la muerte. Una charca, un breve pensamiento de agua brillante, calma, y si uno se asomaba a ella percibía sombras de granos, sus bordes vagamente dorados con la fantástica silueta que delínea en los ojos infantiles el racimo entre los pámpanos, sobre el cielo luminoso todavía del crepúsculo.
Frente a estas sombras claras otras sombras, estas negras. Pero que se sumerja la mano en el espejo, que se remueva ese agua, y la sombra de las aves y la de los frutos se mezclan.
DEUX MUSICIENS, TROIS PEUT-ÊTRE
L’AUTOPORTRAIT DE ZEUXIS
On a retrouvé le fameux portrait que Zeuxis avait peint à la fin de sa longue vie. Le voici sur une cimaise, dans cette galerie d’une arrière-cour de quartier pauvre. Il semble que Zeuxis n’ait pu observer qu’une part de son visage. La moitié gauche manque mais ce n’est pas de l’inachevé, c’est plutôt qu’il y a là comme un gouffre au rebord duquel le peintre a dû se pencher, la gorge serrée par le vertige; et si à son tour on s’approche de cet abîme on voit très au-dessous du rebord qui s’effrite et casse les maigres arbustes qui poussent au flanc du roc et de grands oiseaux tristes qui en dévorent les baies. Plus bas encore, les remous d’une eau sans couleur.
Les visiteurs s’approchent du gouffre, ils regardent un peu, prudemment, puis passent leur chemin, en silence. Je suis là à mon tour, je cherche des yeux dans l’immensité par endroits brumeuse. La tombe de Zeuxis est au pli de deux montagnes, de l’autre côté de la faille. À l’aide de la lunette que l’on nous offre, mais peu l’acceptent, je vois que des éboulements d’une pierre rouge en barrent au loin le chemin, qui restera donc à jamais désert. Seuls les oiseaux que Zeuxis à peints à mi-hauteur de falaise peuvent se porter à grands coups d’ailes jusqu’au lieu où maintenant il repose, puis revenir vers nous en criant dans la galerie trop étroite, où ils nous frôlent et nous font peur.
EL AUTORRETRATO DE ZEUXIS
Han encontrado el famoso retrato que Zeuxis había pintado al final de su larga vida. Ahí está sobre un cimacio, en esta galería de un traspatio de barrio pobre. Parece que Zeuxis no hubiera podido observar más que una parte de su rostro. La mitad izquierda falta pero no se trata de algo inacabado, más bien hay ahí como un abismo al borde del cual el pintor ha debido asomarse, con un nudo en la garganta a causa del vértigo; y si a su vez uno se aproxima a este abismo se ven muy abajo del borde que se desmorona y se resquebraja los magros arbustos que crecen en la ladera de la roca y grandes aves tristes que devoran sus bayas. Más abajo todavía, la agitación de un agua sin color.
Los visitantes se aproximan al abismo, observan un poco, prudentemente, después siguen su camino, en silencio. Paso por ahí, cuando llega mi turno, busco ojos en la inmensidad a ratos brumosa. La tumba de Zeuxis está en el pliegue de dos montañas, al otro lado de la quebrada. Con la ayuda de los lentes que nos ofrecen, pero que pocos aceptan, veo que desprendimientos de una piedra roja obstruyen a lo lejos el camino, que quedará entonces desierto para siempre. Solo las aves que Zeuxis ha pintado a media altura de la cornisa pueden llegar con grandes aleteos hasta el lugar donde él reposa ahora, para después volver a nosotros graznando en la galería demasiado estrecha, donde nos rozan y nos asustan.
Arte Poética